Présence réelle

Sainte Anne-Marie JAVOUHEY, fondatrice des soeurs de Saint Joseph de Cluny. Cette fondatrice raconte qu’un jour où, dans sa vie, tout était très incertain et elle se trouvait en grande confusion intérieure, elle est entrée dans l’église de son village en faisant un double acte de foi. D’abord un acte de foi dans la réalité de la présence du Christ dans les espèces eucharistiques rangées dans le tabernacle de l’autel. Ensuite un acte de foi dans la réalité de la promesse de Jésus dans l’Evangile quand il nous dit  « frappez et l’on vous ouvrira ». (Mat. 7, 7 et Luc 11, 10). Et bien, que croyez qu’elle fit ? Elle frappa à la porte du tabernacle ! Voilà un beau geste de foi eucharistique que nous pourrions reprendre à notre tour aux jours décisifs de notre vie. Anne-Marie disait : je suis réelle, il y a une petite porte réelle au tabernacle, le Saint Sacrement qui est rangé derrière cette porte est la présence réelle du Christ, allons-y ! Sainte Anne-Marie Javouhey a témoigné ce geste fût décisif et qu’elle était sortie de la période difficile dans laquelle elle se trouvait; les événements réels l’ont d’ailleurs assez vite confirmé.
Saint Bernard dans un beau sermon pour le temps de l’Avent a médité sur la venue de Dieu dans nos vies et dans notre monde, l’avènement du Seigneur. Il dit: il y a un triple avènement. Le Christ est venu à nous il y a deux mille ans, dans la faiblesse et la contestation, lors de sa vie terrestre; il reviendra à la fin des temps dans la gloire lors du jugement dernier; et entre les deux il vient à nous souvent dans les sacrements, la prière, nos gestes d’amour et de charité. Un triple avènement qui est le même événement : la venue de Dieu. La première et la deuxième venue sont des événements réels et uniques; les troisièmes venues sont au contraire multiples et tantôt elles ressemblent à la première (des petits signes fragiles quant à leur interprétation) tantôt à la dernière (des événements qui nous bousculent et nous conduisent à « revoir nos priorités »).
et moi, et moi, et moi (comme disait la chanson de Jacques Dutronc dans les années 70) je vous propose de prendre appui sur ces deux saints (Anne-Marie Javouhey et Bernard) pour mieux entrer dans le mystère eucharistique de la présence réelle du Christ. La foi nous révèle une triple présence réelle de Dieu : d’abord dans la parole, dès l’Ancien Testament et cela a été repris avec force par les protestants, ensuite dans la vie de Jésus de Nazareth et son enseignement tel que les Évangiles nous les rapportent, et enfin dans la présence eucharistique dans le pain et le vin consacrés. D’ailleurs, on le voit bien, la Révélation mélange ces trois présences et passe sans difficulté de l’une à l’autre:
– le prophète Ezéchiel (chap 3) nous dit qu’il faut « manger le rouleau de la parole » (dans ce cas la Révélation mélange la troisième et la première).
– Jésus nous dit que sa chair est « vraie nourriture et son sang vraie boisson » (la Révélation mélange ici la deuxième et la troisième).
Finalement ces trois présences réelles sont la même présence réelle fruit de l’Incarnation (dans la parole, la personne et l’enseignement de Jésus, et enfin le pain et le vin consacrés par l’Eglise).
Bernard HERAUD, curé de Notre-Dame de la Valloire