A Saint Rambert un transport peu commun

Ce matin du  2 août, à  la fraîche, Marie et  l’enfant étaient prêts, sanglés, assurés pour l’envol.  Ils allaient quitter ce Clos marial dans lequel ils avaient été installés en  1946.

juillet 1946 – archives Mémoire de la Drôme

En effet, durant les années 1940, dans la fureur de la seconde guerre mondiale, les paroissiens rambertois et sans doute plus largement, les habitants,  ont prié pour la sauvegarde de leur village. De nombreux villages alentours ont été bombardés (en juin 1940 ce fut Peyraud, la route de Sablons, puis près d’Andancette, enfin la voie de Rives, reliant St Rambert à Grenoble fut menacée mais pas atteinte.) Les troupes allemandes entraient chez nous fin juin 1940. Fin 1943 et toute l’année 1944 la sirène retentissait à toute heure obligeant les habitants, de jour et de nuit à fuir dans les champs, jusqu’à l’entrée le 1er septembre 1944 des premiers véhicules américains. (d’après les écrits du curé Joseph Betton)
St Rambert était donc resté debout. Tant  de prières collectives et personnelles ont été faites pendant ces années de terreur.  De nombreuses familles s’étaient placées sous la protection de Marie.  Pour  remercier Marie il fut décidé d’ériger une statue et d’effecteur  chaque année un pèlerinage de reconnaissance.
Il fallut accomplir l’engagement. La générosité des rambertois fut au rendez-vous.  Le curé se mit à la recherche d’un sculpteur et  d’un lieu.
Pour le lieu on choisit près du presbytère un carré inculte qui en réalité était l’ancien cimetière. Proche de l’église, en dehors de la voie publique. Le Conseil municipal accorda la location du terrain le 4 décembre 1945.
Pour le sculpteur on choisit un artiste parisien réputé, réfugié à Allex, M. Jacques Hartmann qui accepta le chantier à condition que l’on loge et nourrisse son équipe pendant la réalisation.
On alla chercher le bloc de pierre  dans la carrière de Lens près de Nîmes, toujours réputée aujourd’hui pour la beauté et la finesse de son grain.  Il arriva le 28 décembre et on l’installa – dans l’actuelle Salle Notre Dame construite en 1936.  Deux ouvriers et le sculpteur parvinrent à extraire de ce cube de pierre la belle silhouette de Marie et de l’enfant Jésus.  Pour modeler le visage de l’enfant, les artistes à la recherche d’un modèle sollicitèrent la famille SAPET qui résidait près de l’église. Jésus enfant a donc les traits du petit Jean SAPET ;

La statue fut achevée en mai 1946.  Il fallut d’important travaux pour rendre le terrain digne d’un Clos marial. Enfin le 2 juillet 1946 on dressa le socle puis la statue. Sur la photo de ce jour mémorable on reconnaît Jacky COINDET en culotte courte à bretelles. On édifia un mur d’enceinte et fit réaliser un portail avec les lettres initiales de l’Ave Maria. A  l’automne,  on planta de beaux arbres, des essences bibliques : cèdres, cyprès.
Mais dès le 15 août 1946 ce fut l’inauguration. On fit lecture du texte de consécration. Chaque année on répéta cette cérémonie en demandant aux générations futures de s’acquitter de ce voeu.

Mais nous avons failli. Depuis de nombreuses années, le clos marial n’étant plus accessible la Vierge et l’enfant ne voyaient plus de visiteurs, elle était tombée dans l’oubli. Seuls, les enfants de l’école Saint François l’apercevaient dans la « petite forêt » en jouant.

 

 

Les voici donc, après une longue préparation les semaines précédentes, plusieurs heures de manœuvres délicates, les voici donc ce 2 aout 2024, installés dans le jardin de la cure où un socle a été préparé. L’entreprise ALLIROL et les services municipaux ont réalisé ce transport complexe en toute sécurité, sous l’œil curieux des rambertois,  en présence de M le Maire et du Père Bernard Héraud. Un bel exploit en cette période olympique !

L’environnement est tout aussi accueillant : le jardin de la cure, soigneusement entretenu et fleuri par la mairie et cultivé par les religieuses qui résident dans la maison, est aussi planté d’essences biblique : l’olivier, le figuier, la vigne. Prochainement elle va faire l’objet d’une restauration pour retrouver sa couleur blanche d’origine.

Nous sommes réjouis de remettre au centre du village cette belle œuvre d’art, fruit de la générosité des rambertois.
Elle veillera sur notre village, elle accueillera sous le pan de son manteau les familles endeuillées qui accèdent à l’église par la porte latérale.  Elle attend votre visite.