Une prière désarmée

éditorial  de la Croix, Jeudi 24 février 2022 :  Dominique Greiner

Inquiet de la situation en Ukraine, le pape François a invité à une journée de prière et de jeûne le mercredi 2 mars, jour des Cendres.

La mainmise de Vladimir Poutine sur une partie de l’Ukraine fait peser sur la paix une véritable menace. Dénonçant la « folie de la guerre », le pape François a appelé hier les dirigeants politiques à un « sérieux examen de conscience devant Dieu » et invité à une journée de prière et de jeûne le mercredi 2 mars, jour des Cendres. Mais à quoi bon ? Est-ce vraiment utile ? La prière peut-elle vraiment infléchir le cœur des dirigeants et faire cesser le bruit des armes ?

Les chrétiens prient pour la paixpour clamer haut et fort qu’ils ont la guerre en horreur. À leurs yeux, rien ne peut justifier une telle pratique sacrificielle, qui exige son lot de victimes et qui cause tant de souffrances et de larmes. Pour eux la guerre est toujours un mal.

Ils prient pour la paix parce qu’ils croient que sa construction n’est pas qu’une affaire de politique étrangère. C’est aussi une question spirituelle, de « politique intérieure » : la paix demande des hommes et des femmes pacifiés intérieurement qui pourront en être les ambassadeurs. Le cœur de l’homme est le premier champ de bataille sur lequel s’affrontent la violence et la paix.

Ils prient pour la paixcar, comme disciples du Christ, ils ne peuvent pas imaginer vivre autrement que de manière non-violente, selon le style de l’Évangile. Ils assument de n’avoir que le jeûne et la prière à opposer aux rituels mortifères de la guerre. Ils n’ont pas d’autres armes que cette liturgie désarmée. Face à l’ampleur des moyens militaires déployés, ceci peut paraître bien dérisoire. Les priants, qui mettent leur confiance en Dieu, croient pourtant en son pouvoir désarmant. Fin de l’extrait La Croix.

Intention de prière proposée par Mgr Eric de Moulins-Beaufort, Président de la Conférence des évêques de France :

« À la suite du pape François et en union avec les évêques de France, j’appelle les catholiques de France à prier pour les Ukrainiens et pour le retour de la paix en Ukraine, pour toutes les victimes de la violence aveugle que porte la guerre. Prions aussi pour le peuple russe tout entier, dans sa diversité. Dans notre prière, n’oublions pas les soldats, les familles qui seront endeuillées, les personnes qui seront blessées. N’oublions pas non plus les populations civiles et, parmi elles, les plus fragiles et les pauvres qui sont trop souvent les premières victimes des conflits. »

Le Crucifié ces jours est en Ukraine

 

Le Crucifié ces jours est en Ukraine.
l est avec les jeunes qui meurent dans les combats,
les civils qui fuient les bombardements et qui sont écrasés par les bombes,
les femmes, les vieillards et les enfants qui ont peur et se cachent,
les blessés dans les hôpitaux surchargés,
les mères qui pleurent leur fils tué.
Ô Jésus ! pourquoi , pourquoi la guerre ?

 

Le Crucifié ces jours a mal et crie : « J’ai soif ! »,
et encore : « Mon Dieu, mon Dieu pourquoi m’as-tu abandonné ? ».
Il est couvert de sang, le sien et celui des autres.
Avec toutes celles et tous ceux qui l’entourent il a peur.
Il dit : « Ma vie, ô Père je te la donne !
Je suis venu pour que pas un seul ne soit perdu ».
Ô Jésus ! jusques à quand la destruction de l’homme par l’homme ?

 

Le Crucifié ces jours n’a pas de tombeau.
Son corps mutilé pend aux carrefours des rues de Kiev et d’ailleurs.
Joseph d’Arimathie n’a pu obtenir que soit recueillie sa dépouille,
et les femmes de sa famille et de son entourage ont été empêchées de le rejoindre.
Ni prières ni aromates pour lui !
Point d’ange consolateur !
Ô Jésus ! qu’ils sont longs les vendredis saints du monde !

 

Le Crucifié ce jour vient mendier ma solidarité.
Il me dit : « J’ai besoin de toi ».
Il met son corps entre mes mains.
Il me montre les Ukrainiens et dit : « Voici ta mère, voici tes frères ! »,
et puis : « Ce que tu fais à l’un de ces petits qui sont les miens, c’est à moi que tu le fais ! ».
Il en appelle à ma révolte, à ma prière, à mon jeûne, à mon partage.
Ô Jésus ! me voici !

Christian Delorme Cuire, 28 février 2022